Il y a aujourd'hui, demain et après c'est lundi
Une exposition de Grégory Cuquel Du 13 octobre au 03 novembre 2019 Il faut revenir légèrement en arrière, Grégory Cuquel débute le dessin en parallèle de ses volumes, au début de l’année 2013. Ils sont issus pour la plupart, d’empruntes prélevées à même le sol de l’atelier, avec de la poudre de graphite et de l’huile (parfois de vidange). Sur ces surfaces fossiles, se découpent, s’assemblent, s’autonomisent ou s’accouplent des formes abstraites qui s’organisent dans une géographie de strates ; une cartographie de consistances. Comme dans la nouvelle de Borges, le territoire de l’atelier se trouve indissociablement mêlé, coagulé à l’atlas dessiné. -:- La perte ... 2016 ... de l’atelier -:- Eclatement de la dyade – relation symbiotique du dessin à son espace Orphelin du ventre qui le portait, le dessin est subitement projeté au dehors. Mais l’atelier absent résiste : il tiercéise, il conflictualise, il métaphorise le dessin. Contraint de s’autonomiser, ce dernier voit s’éloigner l’idéale abstraction et subit les assauts impurs de la figure et du récit. Les dessins chez Gregory Cuquel, fonctionnent comme un symptôme. En grec, « qui survient avec ». Les taches de couleur, les visages de BD, les végétaux, les lignes et les nuages enfantins manifestent l’impossibilité du refuge - un havre impraticable ... Il y a aujourd’hui, demain et après c’est lundi chez Pauline Perplexe est une tentative de mise en forme d’un lieu pour cette in-tranquillité. C’est une idée de véranda ... Verrue d’habitation dont l’excès de vitrage fait vaciller l’idée de l’abri, la véranda impose une sorte d’inconfort à celui qui cherche la quiétude, face au vacarme du monde. Elle est figurée par le grand mur de papier à la trame/treille maladroite. Les dessins y sont posés, flottants. Ils décident d’un endroit pour apaiser l’errance. Parce que tout s’agite inexorablement, le monde, les surfeurs, les CRS, la nature ... -:- ... Il y a sur le sable, une serviette aux motifs de caravelle, échouée entre les espadrilles et l’hélicoptère de la DGSE reste stationnaire dans le bourdonnement de ses pales. ... Il y a dans la pinède acide, l’espoir de surprendre encore une scène, avant que ne fonde le monde. ... il y a un corps féminin qui masque de sa main gauche ses yeux déchirés de jouir. ... il y a des couleurs tendres que la tendresse ignore -:- Si la main s’active inlassablement sur la page, elle semble se demander : Faut-il que les moulinets des bras soient à la hauteur du vacarme ? A quoi bon exécuter des projets puisque le projet est en lui-même une jouissance suffisante ? – s’interroge Baudelaire. Peut-être que face à la frénésie, le regard tendrement se perd, confus de ne pouvoir faire le point. -:- Il y a aujourd’hui, demain et après ... fragile dessein. Olivier Passieux Octobre 2019